Résumé : séminaire Introduction au Sciences Islamique – Partie 2

Résumé du séminaire

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Vous trouverez ci-dessous le résumé de la seconde partie du séminaire Introduction au Sciences Islamique, qui a eu lieu le 30 janvier 2015, donné par Hassan Iquioussen.

Merci à Ayman pour avoir réalisé ce résumé.

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Rappel:
Les deux sources fondamentales en Islam sont le Coran et la Sunna.
Le Coran est moutawâtir (ou quat3yyou thoubout) ce qui signifie qu’il a été transmis par un très grand nombre de sources sûres. Il est également dhanyyou dilâla c’est-à-dire qu’un effort intellectuel humain est nécessaire pour le comprendre et pour le mettre en pratique. Cela suppose une multitude de tafasîr ou exégèses et qui dit plusieurs interprétations dit forcément la présence de divergencse.   Cependant, cet effort de compréhension et d’interprétation doit être fait dans un cadre prédéfini avec les bons outils qui sont les versets fondamentaux clairs et univoques. Autrement, l’effort d’interprétation sorti de ce cadre peut mener à la déviance et même faire sortir de l’Islam. D’où l’existence de plusieurs sectes ayant leurs propres exégèses rejetés par la majorité des savants. Ex: secte d’al Qadyânyya.
Les hadiths ne sont pour la plupart pas quat3yyou thoubout (moutawâtir). Cela implique un effort d’authentification et, par conséquent, une certaine divergence du fait de l’erreur pouvant se glisser dans le travail de l’Homme.
En conclusion, si le Coran est sujet à l’interprétation, le hadith l’est davantage.


Il sera question ici d’aborder les différents aspects de la Sharî3a.
Tout d’abord, qu’est-ce que la Sharî3a? C’est la voie qui mène à Dieu. On peut également trouver plusieurs synonymes en arabe de Sharî3a comme Addine (la religion comme vu dans le séminaire précédant), Assirât al Mustaqim (le droit chemin) ou encore al Minhaj (méthodologie/ligne de conduite). L’objectif ultime de la Shari3a est le bien-être de l’Homme sur Terre et dans l’au-delà.
La shari3a est composée de 4 volets :

  1. la foi (al îmâne, al 3aqida) : La foi nous vient de la Révélation divine et des enseignements du Prophète (s) et ne peut être le fruit d’autres sources telles que les rêves et les interprétations des Hommes. La 3aquida se prend du Coran et du hadith mutawâtir et non du hadith ahad (voir le premier séminaire pour la terminologie) comme le dit l’adage « al ahad lâ youfîdou l3ilm ». L’explication à cela est que la science ne peut se baser sur des hadiths pouvant être sujet à des erreurs ou oublis. Ex: la confusion par Abu Hurayra (r) d’une parole de l’ancien rabbin Ka3b ibn al Ahbar avec une parole du Prophète (s) sur les étapes de la Création.
    Le problème posé est que certains savants surtout parmi les muhaddithûn (savants du hadith) considèrent le hadith sahih (authentique) si sa chaine de transmission (sanad) est valide et acceptent certains hadiths que les ousoulyoun (savants spécialistes dans les fondements de la jurisprudence) rejettent après l’analyse critique de leurs contenus.Le rejet des hadiths ahad comme source de la 3aqida vient également de l’impossibilité de vérifier la véracité de confirmer ce qui concerne science de l’inconnu (3ilm al ghayb). Il se peut même qu’un hadith ahad soit authentique mais contraire à la science moderne et à la logique comme le hadith expliquant l’origine des éclairs dans les coups de marteau donnés par les anges dans le ciel. Il s’est avéré que ce hadith provient d’une traduction arabe des traditions de plusieurs cultes antiques moyen-orientaux qui croit en l’existence d’une divinité en charge des éclairs. Cette croyance s’oppose à la météorologie qui décrit les éclairs comme un phénomène naturel de décharge électrostatique.En conclusion, le dogme n’est défini que par le Coran et est enrichi par les hadiths : les hadiths ne peuvent apporter de nouveau dogme comme la croyance en al Mahdi al Muntasar présente uniquement dans des hadiths faibles. D’où le débat posé par la technique de « taqwiyyatou al hadith ». Le dogme nécessite un corpus valide à 100% dans le fond et la forme.Il y a toujours eu de la divergence dans le domaine de la 3aqida sur certains points même dans les premières générations puisqu’il y a des versets sujets à l’interprétation et des hadiths critiqués. Dieu n’a qu’une seule vérité tandis que les Hommes ont chacun leurs vérités propres. Pour pouvoir vivre en paix et en harmonie malgré les divergences, il faut que les musulmans de tout bord s’accordent sur la base et laissent Dieu juger seul des intentions de chacun et de qui a raison et qui a tord. Cela ne doit pas empêcher le musulman de garder une distance critique lorsqu’il étudie les différentes écoles théologiques.

    De nos jours, le problème se trouve dans l’approche des références et la gestion de cette approche. Si l’on croit que son interprétation est la seule lecture valide, le seul résultat est le terrorisme intellectuel que l’on voit malheureusement avec l’Etat Islamique tout comme il a existé aux premières heures de l’islam avec le mouvement des khawarij (littéralement : ceux qui ont fait défaillance et sont sortis de l’armée des musulmans).

    Par conséquent, le musulman doit être rationnel et ne pas tout essentialiser en pensant que tout est blanc ou noir et qu’il n’en est pas autrement.

  2. Le rituel (al 3ibadâte) : Le principe fondamental est le caractère tawqifi du culte ce qui veut dire que dans ce domaine Dieu et son Prophète (s) sont les seuls sources et aucun homme n’est habilité à définir une nouvelle pratique cultuelle. Il y a tout de même matière à réflexion et à adaptation pour intégrer de la meilleure façon l’acte rituel dans la vie du croyant et dans des contextes qui peuvent varier selon les individus, l’époque et le lieu.Par exemple, la prière est une adoration obligatoire qui a des modalités de temps définies. Cependant, le neurochirurgien qui opère un patient durant plusieurs heures peut adapter le moment de sa prière et la faire après l’opération même si le temps légal est passé.Les dogmes et fondements sont donc prédéfinis par Dieu mais il y a une marge de manœuvre pour adapter la pratique aux réalités diverses et faire face aux imprévus. Cela facilite la pratique d’al 3ibadate et rejoint la parole de l’imam Shatibi: «  Là où se trouve le bien-être (maslaha) de l’être-humain, là se trouve la loi de Dieu  ».
  3. La morale et l’éthique (al akhlâq) : Bien qu’il y ait des piliers morales et éthiques atemporels, l’islam accepte une marge d’élasticité car il faut voir pour chaque cas où se trouve l’intérêt. Le but justifie par conséquent les moyens, il y a donc des exceptions à la morale. En islam, la pudeur va de pair avec la foi et d’après la tradition prophétique lorsque l’une disparait l’autre la suit. Mais lorsque l’homme est en danger de mort, il lui est permis de découvrir sa nudité pour se faire soigner. C’est également le cas de la femme enceinte ayant des complications et qui doit se faire opérer même si le chirurgien est un homme. L’exception doit tout de même se limiter au besoin et ne doit pas l’outrepasser: « Addaroûratou touqaddarou bi qadariha ». L’intérêt le plus grand prime donc. Ce que le musulman doit retenir est que la morale est une question d’équilibre et de curseur réglable selon les priorités.
  4. les lois nécessaires pour vivre en société (al mu3amalâte) : Contrairement au rituel, les lois sont tawfîqyya c’est-à-dire que l’homme doit avoir recours à son intellect pour atteindre l’objectif législatif qui est la préservation de l’intégrité physique et morale de l’être humain pour pouvoir atteindre le bien-être. Or les contextes et les types de bien-être changent et évoluent. La règle pour les lois est donc l’adaptation tout en résonnant à la lumière des gardes-fou définis dans la Shari3a. La raison pour laquelle certains non-musulmans rejettent l’islam est la non-compréhension voir l’ignorance de cette adaptabilité. Pour eux, point de rationalité en religion mais une croyance aveugle à des dogmes pluriséculaires obsolètes au XXIème siècle. A l’inverse en islam, il y a raison et interprétation, logique et évolution.

 

Conclusion : Il n’y a dans l’absolu qu’un seul islam mais dans la pratique cohabitent plusieurs lectures de l’islam selon les contextes et les interprétations. Comment se comporter avec toutes ces lectures? Il faut conserver une ouverture d’esprit et un jugement critique pour évaluer chaque argument et décider de ce qui se rapproche le plus de sa réalité tout en se conformant aux dogmes fondamentaux. Bien sûr, un tel travail n’est pas accessible au musulman lambda mais doit faire l’objet d’étude et de recherche auprès des savants, classiques et contemporains, sans tomber dans le travers du suivisme.


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